Lors du colloque tenu en 2012 à Moulins : Anne de France, art et pouvoir en 1500,
Monsieur Crépin-Leblond concluait, sous le titre : Anne de France et la commande artistique: pistes de recherche.
Les lignes suivantes sont extraites de sa présentation.
[…] Si le rôle politique assumé par celle qui mettait clairement en avant sa filiation royale dans sa signature et sa titulature est de mieux en mieux perçu et étudié[…] son action dans le domaine artistique, souvent confondue avec celle de son mari et de ses prédécesseurs, a commencé plus récemment à faire l’objet d’analyses approfondies[…].
S’il n’y a pas lieu de revenir sur son goût pour les livres et sa bibliothèque, déjà amplement étudiés, son action dans d’autres domaines mérite d’être encore davantage appréciée et soulignée. Ainsi, en matière d’architecture, c’est plus spécifiquement à sa décision personnelle que reviennent non seulement les travaux du château de Gien […] et les aménagements transformant en palais le château ducal de Moulins, tout comme les travaux considérables engagés sur ses résidences de prédilection, Beaumanoir et Chantelle. Les travaux aux jardins de Moulins et de Beaumanoir […] souvent cités pour évoquer la probable influence de la campagne italienne de Charles VIII sur sa soeur et son beau-frère, relèvent explicitement d’instructions données par Madame. De même, les informations fournies par les plans et relevés du palais ducal, […] pourraient confirmer la part privilégiée d’Anne dans la genèse de la transformation du monument et de son décor.
Les autres fondations religieuses d’Anne de France posent des problèmes comparables, notamment sur l’emplacement et la présentation d’origine des statues de Chantelle, le portail des Carmes de Moulins d’où proviendrait la tête de la Vierge d’Annonciation du musée départemental » ou encore les œuvres peut-être offertes au couvent des Minimes dont elle dote la fondation à Gien. Le vitrail apparaît comme un élément majeur de la commande artistique du couple ducal, mais probablement encore davantage de la duchesse. Ceux de la collégiale de Moulins et leurs rapports avec des modèles, sinon l’intervention personnelle directe, de Jean Hey ont été largement évoqués […]. Il reste également à reprendre l’étude, au-delà des tableaux commandés à Jean Hey, des peintures de chevalet : il en subsiste au moins un panneau représentant sainte Catherine, provenant de la collégiale de Beaujeu et dont la date de 1507 ne permet d’en attribuer la commande qu’à Anne de France'[…]
C’est enfin dans le domaine des arts décoratifs que la recherche peut espérer approcher à la fois le statut de princesse royale toujours revendiqué par Anne de France et une possible perception de ses goûts personnels.[…]. La joaillerie est également un champ plein de promesses : le portrait d’Anne par Jean Hey conservé au musée du Louvre la montre en robe de cour, de velours noir doublé d’hermine, portant au cou un exceptionnel bijou alliant troches de perles et rubis montés en or.[…].Un dernier champ d’étude est celui du mobilier : […] rien n’était connu des tapisseries d’Anne de France jusqu’à l’apparition en vente publique en 2012 d’un inventaire du mobilier de Gien dressé en janvier 1511, énumérant de nombreuses tentures héraldiques et historiées ».
Si le regroupement de l’ensemble de ces éléments, oeuvres, monuments et documents d’archives confirme assurément l’ampleur de la commande artistique d’Anne et Pierre de Beaujeu, ainsi que l’aspect prépondérant des choix d’Anne de France, des recherches plus approfondies dans tous les domaines concernés, suivies d’une remise en contexte large de la synthèse des éléments obtenus, reste indispensable.
Source wikipédia :
Thierry Crépin-Leblond étudie à l’École nationale des chartes où il obtient le diplôme d’archiviste paléographe en 1987 avec une thèse intitulée Recherches sur les palais épiscopaux en France au Moyen Âge (xiie – xiiie siècles), d’après divers exemples des provinces ecclésiastiques de Reims et de Sens
Il choisit ensuite d’intégrer l’École nationale du patrimoine et commence sa carrière de conservateur au musée national de la Renaissance, à Écouen (1989-2000). Il est ensuite directeur du château et du musée de Blois de 2000 à 2005, et il est promu au grade de conservateur en chef en 2003. Depuis 2005, il dirige le musée national de la Renaissance, où il a été commissaire de nombreuses expositions, et a été promu au grade de conservateur général du patrimoine en 2008
Il a enseigné l’histoire de l’art moderne à l’École des chartes et à l’École du Louvre.
Il est membre de nombreuses sociétés savantes (Associé correspondant de la Société nationale des antiquaires de France, membre de la Société française d’archéologie, membre de la Société d’histoire de l’art français, membre du Comité français d’histoire de l’art, membre de la Société des antiquaires de Londres (Royaume-Uni)…)
Le , il est nommé membre suppléant du Haut Conseil des musées de France. Le il est nommé membre du conseil d’orientation de l’établissement public du domaine national de Chambord
Il participe ponctuellement à l’émission Secrets d’histoire, présentée par Stéphane Bern, sur France 3. Il est intervenu notamment dans les numéros suivants :