Extrait du bulletin de la S.A.G. n° 4  année 1945

 

Une comtesse de Gien inconnue

Si l’on demandait à une des personnes, ajoutant une foi aveugle aux  assertions de  Marchand,  dans  son  histoire  du  Comté  de  Gien,  à  quelle  date Henri IV succéda au roi Henri III comme comte de Gien il répondrait en 1589 et sa réponse serait exacte. Si on le questionnait sur l’époque  à  laquelle Henri IV transmit le Comté de Gien à Louis XIII il placerait cette transmission en 1610 et cette solution serait encore  conforme  à  la  vérité.  Mais si l’interlocuteur lui demandait qui a été comte de Gien entre ces  deux dates il affirmerait  sans  hésitation  :  Henri  IV  et  lui  seul  ;  cette  fois la  réponse  serait  erronée.  En  effet  par  lettres  patentes  données  au  camp  de Bussy le 20 mai 1592 signées Henri et. plus bas, Ruzé, scellées sur double queue de parchemin de cire jaune, le  roi  Henri  IV  délaissa  à  la  reine  Louise, douairière de Françe, pour le remplacement du revenu des terres seigneurie et châtellenies de Billy et Murat comprises  en  l’aliénation  du  duché de Bourbonnais desquels  le  roi  avait  de  naguères  disposé,  le  comté de Gien  et la Seigneurie de Givray pour en jouir comme des autres terres à elle baillées. Evaluation  devait  en  être  fait  afin  d’augmenter  ou  diminuer l’assignation si faire se devait.

Ces  lettres  patentes  furent  soumises  à  l’enregistrement  du  parlement.   Par arrêt du 13 juin 1592 la cour ordonna qu’avant de procéder à la vérification de ces lettres, il serait fait une évaluation  des  duché  de  Bourbonnais et comté  de  Gien,  mais  cependant  que,  par  mesure  de  provision,  la reine douairière pourrait jouir des revenus desdits duché et comté à concurrence de 60.000 livres de rentes.

Par autres lettres patentes données  au  camp  de  Senlis  en  forme  de  jussion au mois de juin 1592 le roi Henri IV manda au  parlement,  sans  attendre autre jussion ou  mandement,  de  faire  promptement  jouir  ladite  reine Louise du contenu des lettres, patentes du 20 mai  1592  tant pour le regard des domaines que des collations et provisions des offices et bénéfices et d’enregistrer purement et simplement ces lettres sans aucune exception restriction ou limitation.

Le 10 juillet 1592, le parlement ordonna que dans les six mois suivant l’apaisement des troubles alors existants il serait procédé à l’évaluation du duché de Bourbonnais et du comté de Gien suivant l’arrêt du  13  juin  précédent mais que cependant  jusqu’à ce qu’il en ait été ordonné autrement par ladite cour, la reine douairière jouirait desdits duché, comté, etc… à elle délaissés par le roi pourrait pourvoir aux bénéfices des dignités ecclésiastiques desdits duché, comté, terres  et  seigneuries  dont  la  collation  appartenait au roi hormis aux évêchés et abbayes, et présenter aux prélats qu’il appartiendrait la collation des bénéfices étant à la présentation du roi et  pourvoir aux états et offices ordinaires excepté à ceux  des  lieutenants  généraux et substituts du procureur du roi en chacun desdits lieux (1).

Louise de Lorraine resta en possession du comté de Gien jusqu’à son décès arrivé en 1601. Louise de Lorraine, née en 1553, fille de Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, avait épousé le roi Henri III en 1575 ; elle devint veuve en  1589  et  se retira à Moulins. Au décès de Louise. Henri IV rentra    en possession du comté de Gien.

G. DEVISME.

 

 

(i) Dupuy, vol. 379,  folio 71