La Croix de Saint Nicolas

Depuis ses origines, le pont est placé sous la protection divine. Il existait en avant de la porte fortifiée (Porte du Berry) une pyramide de pierre en forme de croix « que l’on a été obligé de démolir en faisant refaire à neuf la voûte de l’arcade » qui la supportait après la crue de 1733. Aujourd’hui, au sommet du dos d’âne est implantée une croix dédiée à Saint Nicolas, patron de « la Communauté des Marchands fréquentant la Rivière de Loire … ». Il est permis de penser que l’origine de cette croix en fer forgé remonte vers le milieu du 18ème siècle. Sa partie horizontale est ornée du nom du saint et le socle sur lequel elle repose est agrémenté de deux ancres en sautoir, emblème de la communauté des mariniers. Il existait également, dans le quartier du Berry, une chapelle placée sous le vocable de Saint Nicolas. Cette chapelle fut emportée par la crue de 1733 et ne fut pas reconstruite.

Saint Nicolas, patron des mariniers

Sur tout le cours de la Loire moyenne, de Châtillon-sur-Loire à Beaugency, on trouve trace de ce saint patron sous d’autres formes : bâtons de confrérie, ex-voto, bannières, statues, fontaines, vitraux…

Dans la Légende Dorée, écrite entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, archevêque de Gênes (Italie), la vie de Nicolas, évêque de Myre (270-345) est racontée, aux côtés de celle d’environ 150 saints ou groupes de saints et martyrs chrétien. Il y est écrit que : « des matelots sur le point de mourir lors d’une tempête sur la côte de Lycie (actuelle Turquie) font appel à Nicolas pour venir à leur secours. L’évêque apparaît alors sur le navire. Il les rassure et les exhorte au courage. Lui-même aide à la manœuvre. Il les conduit ainsi au port et disparaît sous leurs yeux. Les matelots s’empressent alors de se rendre à Myre pour remercier leur sauveur. » Cet ouvrage connaît un immense succès et les récits sur les saints se propagent dans une grande partie de l’Europe.

D’autres légendes de sauvetage de marins vont ainsi circuler, notamment au moment des croisades :

  • « En revenant de croisade par bateau avec sa femme, sa garde et ses enfants, le roi Louis IX est pris dans une violente tempête aux environs de Chypre. La reine se met à prier et promet à saint Nicolas que s’il les sauve, elle lui offrira une nef d’argent pour son église de Port dans le Duché de Lorraine. A peine cette promesse faite, la tempête se calme. De retour en France, la reine accomplit son vœu et fait faire la nef.»
  • Dans la chanson de geste du troubadour Rambaud de Vachère, on peut lire : « Allons à Bethléem, comme Guy, Gaspard et Melchior ; puisse St Nicolas guider nos flottes.»

La fête des mariniers

La corporation des mariniers était pieuse. La tradition rapporte que chaque année pour la fête de Saint Nicolas, les membres de la confrérie décoraient et fleurissaient la chapelle et s’y rendaient solennellement en procession, bannière au vent.