Halle aux grains

En 1829, la construction d’une halle couverte pour les blés et la laine est envisagée. Le projet est établi par l’ingénieur Boucher de la Rupelle qui avait conçu les quais quelques années auparavant. La ville ayant un budget en déficit, le projet est reporté. La révolution de 1830 retarde son exécution. Mais en 1831, la perspective de voir un pont à Châtillon-sur-Loire et à Sully-sur-Loire relance le projet car il en va du maintien des marchés de la ville. Le conseil municipal donne son accord, sous réserve d’être aidé financièrement par l’Etat et par des prêteurs à qui sera octroyé un droit de place.

Le projet fait débat : protestations des habitants du quartier Saint-Louis qui avaient toujours vu les marchés aux blés sur la place du même nom ; crainte des vignerons de voir augmenter les droits d’octroi pour rembourser l’emprunt… De leur côté, les propriétaires appuient et financent le projet.

Construite place Riccé (actuelle place Jean Jaurès), la halle est conçue selon un plan en U :  elle comprend un grand bâtiment côté nord et deux ailes au sud. Au centre, une grande cour fermée par des grilles peut être utilisée par beau temps. Cette disposition permet un bon éclairage, absolument nécessaire pour la vente de la laine, sachant qu’à l’époque le marché aux laines de Gien est l’un des meilleurs de France.

La pose de la première pierre a lieu le 1er mai 1832. Le chantier prend du retard car les fondations doivent être descendues plus profondément que prévu, la place se situant sur une anse de la Loire où s’écoule la fontaine des Allix (elle coule toujours au bas du perré du quai). Néanmoins les travaux se poursuivent et le chantier est terminé en octobre 1832.

Mais, dès janvier 1833, le maire constate des lézardes à l’extérieur et à l’intérieur et émet des craintes sur la solidité de l’édifice. En août 1834, il signale un affaissement des planchers, de la charpente et de la toiture. Une expertise est diligentée, mais tous les ingénieurs consultés pour remplir cette mission se récusent. Le maire demande alors l’autorisation de faire les réparations indispensables et réclame une indemnisation en dommages-intérêts au constructeur. Excédé par la lenteur de prise de décision, il démissionne.

La suite est une succession de malchances qui conduit à la démission du maire provisoire et à la dissolution du conseil municipal. En 1836, un ouragan endommage gravement la toiture…

En 1905, les 2 ailes du quai Lenoir sont abattues afin de permettre la construction de l’Hôtel des Postes. Après avoir abrité des commerces sinistrés en juin 1940, la halle est démolie au début de l’année 1957.