Extrait du site internet du Centre des Monuments Nationaux :

MARGUERITE D’AUTRICHE,

HISTOIRE DE LA PRINCESSE PAS DE CHANCE

Au cœur des tractations diplomatiques à l’orée de la Renaissance, le destin tourmenté de Marguerite d’Autriche imprègne le monastère dont elle lança la construction suite à la disparition de son troisième époux bien aimé. Le monument ne peut être compris sans la personnalité de sa commanditaire.

MARGUERITE D’AUTRICHE, UN DESTIN TRAGIQUE

Née en 1480 à Bruxelles, elle est la fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg, couronné empereur du Saint-Empire romain germanique en 1493. Du côté de sa mère Marie de Bourgogne, elle est la petite-fille du dernier grand-duc de Bourgogne Charles le Téméraire, et tante de Charles Quint.

Marguerite, princesse censée devenir reine

Marguerite d’Autriche est l’instrument politique de son père, qui lui permet de sceller diverses ententes diplomatiques grâce au mariage.

À trois ans, elle épouse ainsi le dauphin Charles, fils de Louis XI. Elle est donc promise à devenir Reine de France. Cette alliance vient mettre fin à 15 ans de guerre. Élevée en fille de France par Anne de France. Mais les tensions diplomatiques entre le royaume de France et l’empire germanique conduisent Charles VIII à la répudier en 1490 au profit d’Anne de Bretagne.

Son père la promet alors en secondes noces au prince Juan de Castille, Infant d’Espagne. Enceinte, son mari meurt précocement.

A l’âge de 16 ans, elle est veuve mais également mère en deuil.

Marguerite, duchesse de Savoie amoureuse

Son père, toujours dans ses tractations diplomatiques, la destine à une troisième alliance avec la maison de Savoie. Ce mariage permettra de garantir le passage des troupes impériales vers l’Italie.

Alors que les temps semblent s’apaiser par ce mariage idéal, le jeune duc Philibert le Beau meurt trois ans plus tard des suites d’un refroidissement. Déjà répudiée et désormais veuve pour la seconde fois, Marguerite d’Autriche n’a que 24 ans.

UN ÉDIFICE EXCEPTIONNEL EN L’HONNEUR DE SON MARI

Pour conjurer le sort et surmonter sa souffrance, elle reprend à son compte une promesse non accomplie de sa belle-mère, Marguerite de Bourbon. Elle avait fait le vœu, pour assurer la guérison de son mari, d’édifier un nouveau monastère sur l’emplacement du vieux prieuré bénédictin de Brou.

Contre l’avis de son entourage, Marguerite d’Autriche impose ce nouveau chantier et obtient l’aval du pape. Aux confins des frontières française, savoyarde, italienne et germanique, le chantier démarre en 1506.

Un chantier piloté depuis les Flandres

Dès pose de la première pierre, Marguerite d’Autriche est appelée aux Pays-Bas dont elle doit assurer la régence au nom de son père. Elle prend en charge l’éducation de son neveu, le futur Charles Quint.

Érigé aux portes de Bourg-en-Bresse, alors dans le duché de Savoie, l’édifice se singularise par son style gothique brabançon utilisé à Bruxelles. Marguerite d’Autriche envoit sur le chantier les meilleurs maîtres d’œuvre et artistes de toute l’Europe : Italiens, Souabes, Bourguignons, Lyonnais mais surtout Bruxellois et Flamands, tels le maître-maçon Louis van Boghem, ainsi que le peintre Bernard van Orley et le sculpteur souabe Conrad Meit. L’église est un joyau de style gothique flamboyant à la haute toiture de tuiles vernissées et colorées.

Nécropole royale

Construit en un temps record, de 1506 à 1532, Marguerite d’Autriche ne verra jamais le monument. Elle décède en effet en 1530, deux ans avant l’achèvement des travaux.

Philibert Le Beau bénéficie d’un somptueux tombeau, voisinant les sépultures de sa mère et plus tard, de sa femme. L’emblème du couple, les initiales P et M unies par un lacs d’amour, envahit le monument dans ses moindres recoins et inscrit leur mariage dans la pierre.

À la fois nécropole royale et monastère desservi par des moines Augustins chargés de prier pour le défunt, le monument est également conçu comme une résidence princière à la hauteur du rang de sa commanditaire.