MELUSINE

Mélusine, la fée bâtisseuse

Une sculpture orne la tourelle de l’escalier central. Elle représente un être à corps de femme et à queue de poisson (ou de serpent). Un personnage semblable est représenté sur la même tourelle, du côté opposé. Cette sirène a une légende. On la retrouve sur d’autres châteaux de l’époque. Elle tient habituellement un peigne et un miroir. Celle de Gien ayant les bras cassés, on peut imaginer qu’elle portait les mêmes attributs.

Son histoire, issue de différents contes populaires, a été immortalisée par Jean d’Arras , dans son roman La Noble Histoire de Lusignan qu’il offrit le 7 août 1393 à Jean de Berry, frère du roi.

Le mauvais sort que lui a jeté sa mère, Pressine, en la condamnant à se transformer chaque samedi en femme à « queue de serpent à la place des jambes », conduit Mélusine, après divers épisodes, en terre de Poitou. Elle y épouse le neveu du comte de Poitiers. Commence alors la légende de « la fée bâtisseuse ». Mélusine bâtit des villes et des châteaux. Elle serait à l’origine de la ville de Lusignan, mais aussi de Tiffauges et des abbayes de La Rochelle. Elle bâtit et, ce faisant, distribue le pouvoir et organise les frontières du pays.

En lui conférant une dimension historique, en faisant d’elle la fondatrice de la lignée des Lusignan, Jean d’Arras place Mélusine dans le contexte de l’époque : à la fin 14ème siècle, en pleine guerre de Cent Ans, le Poitou est un territoire stratégique. En tant que fée bâtisseuse de villes, de murailles et de monuments de pouvoir, Mélusine s’impose ainsi comme un mythe de civilisation, symbole de conquête face à la barbarie.