La maison des Alix
On ne connait pas l’histoire de cette grande demeure qui a survécu aux bombardements, ni qui l’a occupée. Ce qui est certain c’est que les analyses dendrochronologiques indiquent 1515 comme datation des bois de charpente, c’est à dire 30 ans après la construction du chateau actuel. Selon certains historiens, il existait à cet emplacement un batiment, dépendance du château. La tradition rapporte que lorsque les reines voulaient se baigner en Loire, elles descendaient dans ce batiment, aussi appelé pour cette raison « Bains d’Anne de Beaujeu ». Une autre tradition persistante veut aussi qu’il servait à l’usage de corps de garde. Ou encore, selon l’Abbé Poullain, qu’il aurait été, au 11ème siècle, la résidence provisoire des reines de France qui ont porté le nom d’Alix avant 1160 jusqu’au règne de Louis VII en 1164. Ce nom d’Alix était également donné aux fontaines qui jaillissaient tout auprès. Avant la construction du quai, un petit monument en pierre recouvrait ces sources près de l’Hôtel de la Poste ; aujourd’hui, elles sortent au bas du perré qui soutient les terres du quai ; elles sont très visibles en été lorsque la Loire est basse.
Selon l’historien André Barbier « à défaut de documents probants, il est permis de supposer qu’elle fut dans le passé, la résidence de personnages importants dans la magistrature de la ville. Ce qui semble certain, c’est qu’en 1707, Georges Robeau, Conseiller du Roy, maire perpétuel ou « maire major » de Gien, beau-frère de Pierre Alix, habitait une chambre haute de cet immeuble. »
Inscrite au titre des monuments historiques le 13 février 1941 cette maison a été retenue par la mission patrimoine début 2022.
Elle se compose de deux grandes structures réparties de part et d’autre d’un couloir, et, au sud, d’une tourelle d’escalier et d’une cour intérieure. Construite au début du 15ème siècle en briques, elle avait primitivement, en façade sur la rue, deux pignons jumeaux avec deux toitures distinctes : ces deux pignons ont ensuite été réunis avec une couverture unique qui donne vaguement l’aspect d’un comble mansardé. Il est probable que l’ajout de cette structure supplémentaire et du poids associé a contribué à la fragilisation du bâtiment.
Quatre fenêtres, deux par étage, s’ouvrent sur cette façade ; elles étaient autrefois décorées et ornées de meneaux ; deux meneaux plus petits surmontés d’arcs en accolade subsistent à l’étage supérieur. Les autres ouvertures sont des aménagements postérieurs. Le rez-de-chaussée a longtemps été occupé par deux boutiques. L’une a conservé ses ouvertures en anses de panier.
Dans la cour intérieure, la tourelle repose sur un encorbellement sculpté dans la pierre. En haut de cet encorbellement, un cordon décoratif représente un chien happant une guirlande de feuillage ou d’arabesques. Un peu en dessous, à collerette, une tresse simple, et, à la base, un petit personnage ployé en deux et levant une pomme – ou une balle – dans la main droite. Cette tour était autrefois coiffée d’une toiture en poivrière.
De cette courette, on accède à la cave par un petit escalier droit à l’entrée duquel un corbeau sculpté représente deux têtes humaines vues de face et probablement une troisième, mais partiellement mutilée. L’escalier circulaire menant aux étages a conservé ses marches d’origine à partir du second niveau.
Aujourd’hui, la ville de Gien qui en est propriétaire a entamé la restauration de ce bâtiment qui doit aboutir fin 2023.