Sophie de Monnier

UNE PRISONNIERE CELEBRE AU COUVENT

Sophie de Monnier (1754-1789), née Richard de Ruffey, est mariée à 17 ans au marquis de Monnier, président de la Chambre des comptes de Dole, de 49 ans son aîné. C’est dans le Jura qu’elle rencontre le comte Gabriel Mirabeau (1749-1791) alors enfermé au fort de Joux (mais avec certaines libertés de mouvements), à la demande de son père pour cause de dettes de jeux. Elle en devient l’amante. En 1776, Sophie et Mirabeau s’enfuient et passent neuf mois à Amsterdam. Ils y sont arrêtés et reconduits en France sous escorte. Tandis que Mirabeau est enfermé au donjon de Vincennes, Sophie est d’abord placée en maison de santé à Paris et y accouche d’une fille dont elle est immédiatement séparée. Gabrielle Sophie, cette enfant ainsi prénommée du nom de ses deux parents, mourra deux ans plus tard.

Le 13 janvier 1783, elle est conduite au Couvent des Saintes Claires de Gien où elle reste enfermée durant cinq ans. Durant toutes ces années, les amants échangent une correspondance brûlante qui sera publiée en 1792 sous le titre de « Lettres à Sophie ». Mirabeau tente de rencontrer sa maîtresse. Avec l’aide d’un médecin et la connivence du jardinier et d’une sœur du couvent, il réussit à s’introduire dans la chambre de Sophie le Monnier ; il y demeure plusieurs jours, déguisé en femme.

Sophie, héroïne romantique

Après le décès de son mari, Sophie le Monnier obtient l’autorisation de sortir du couvent et occupe une maison à l’angle des actuelles rues Clemenceau et Jeanne d’Arc. Entretemps, Mirabeau l’a délaissée. Elle se rend souvent dans les châteaux environnants où partout, son esprit et son amabilité lui assurent un accueil empressé. Elle fait ainsi la connaissance de M. de Poterat, seigneur de Thou, qu’elle doit épouser lorsqu’il meurt des suites d’une maladie de poitrine. Sophie, restée seule, se donne la mort par asphyxie le 8 septembre 1789, à l’âge de 35 ans. « Son âme ardente, qui avait toutes les forces de la passion, écrit Lamartine, n’avait pas celle de la résignation »