LES QUAIS
Il est difficile aujourd’hui d’imaginer Gien sans cette promenade sur les quais qui bordent la Loire du Port aux Bois à l’est jusque vers la faïencerie à l’ouest. Il faut savoir que jusqu’au début du 19ème siècle, Gien était, comme la plupart des villes médiévales, entourée de fortifications. Sur les bords de Loire, les murs de ville abritaient jardins, cabanes ou terrains vagues.
L’artère principale, parallèle aux quais actuels, traversait la ville d’est en ouest à partir des rues qui aujourd’hui portent le nom de Louis Blanc, Tlemcen, Gambetta, Hôtel-de-Ville et Palissy.
En 1767, l’ingénieur des turcies et levées, de Régemortes, projette d’établir un quai rive droite. L’ouvrage proposé doit à la fois servir de grande route (Paris/Bourges et Orléans/Bourgogne) et de levée pour empêcher le bas de la ville de Gien d’être inondé. Un plan des terrains est levé en 1772 mais la quantité des maisons à dédommager empêche de poursuivre le travail. Durant les années suivantes, il y a défense de bâtir à cet endroit et même de consolider les maisons existantes. A cette époque, la Loire bat le pied des maisons implantées sur la rive droite et on manque d’endroit où décharger les marchandises. Un projet de quai sur la rive droite est envisagé.
En 1823, le sous-préfet de Gien-le comte Odon de Lestrade- relance ce projet. Des réserves sont émises par la ville, notamment sur le coût d’un tel projet. L’appui du préfet du Loiret-le vicomte de Riccé- et de l’ingénieur Henri de Longuène permet de faire avancer ce projet, définitivement adopté début 1824. Les travaux commencent en août de la même année. Pour réaliser le remblai, les terrassiers vont extraire des milliers de mètres cubes de terre un peu plus haut dans la ville, à l’emplacement de l’actuelle rue Paul Bert notamment.
Les quais ainsi construits forment un ensemble de 1.398 m de long sur une hauteur de 4,70 m au-dessus de l’étiage de la Loire.
Une fois les quais construits, il faut leur donner un nom. La question se pose dès 1825.
« Considérant que la ville de Gien avait toujours saisi avec empressement toutes les occasions de manifester son amour pour les Bourbons », les quais porteront les noms de quai du Roi, du Dauphin et du Duc de Bordeaux. A la chute des Bourbons, ils deviennent quai Saint-Louis, Lenoir (maire de Gien de 1821 à 1828) et Lestrade. Après la guerre 1914-1918, le quai Saint-Louis devient quai Maréchal-Joffre. Après la seconde Guerre Mondiale, vers Port au Bois, le quai prend le nom de quai de Nice (ville « marraine » de Gien après sa destruction en 1940). Le quai Guérin, près de la faïencerie, est construit en 1848 pour répondre aux besoins d’approvisionnement en terres, farine de silex et bois. Il porte le nom d’un ancien directeur de la fabrique de faïence.
« Il y aurait lieu pour embellir la ville de Gien, de faire une plantation d’arbres depuis la porte de Briare jusqu’à la rue de la Fabrique… » Ainsi s’exprime le préfet du Loiret en 1833. Peupliers et platanes sont alors plantés. En 1871, alors que la guerre franco-prussienne fait rage, les peupliers sont en grande partie abattus par les prussiens pour rétablir un passage sur le pont partiellement détruit. Les platanes, quant à eux, subissent les dommages de la seconde Guerre Mondiale. On les maintient vaille que vaille, on les taille chaque année « en rideau. » En 2018, ils sont en grande partie abattus dans le cadre d’un nouvel aménagement qui prévoit d’ouvrir la ville sur la Loire. Ils ont, depuis, été remplacés par d’autres espèces plus aériennes.